Une des ruelles du quartier pauvre

Il était presque minuit, il pleuvait légèrement mais Shiori aimait la pluie, ça l'apaisait et l'aidait aussi à réfléchir librement. Elle n'avait rien consommé depuis la veille, pourtant aucune envie spécifique ne lui troublait l'esprit. Il fallait dire que ces pilules étaient suffisamment efficace, et puis manger comme dormir ne seraient qu'une perte de temps.
Mais en réalité, ce n’était pas le temps qui manquait, au contraire elle était bien lace de tout ça. Elle s'était enfuit pour une simple soif d'aventure mais tout ce qu'elle avait désormais n'était qu'une petite vie monotone. Elle attendait impatiemment une infime manifestation qui pourrait bousculer ce quotidien si pesant.

 Une odeur attirante flottait dans les airs, une odeur rare, Shiori ne l'avait jamais senti. Qu'est ce que ça pouvait être ? Une curiosité vint s'installer dans ses pensées, elle avançait naïvement vers "l'odeur" tout en se demandant ce que ce doux parfum pouvait cacher, peut être une fleure comme sa mère adoptive, Leytissea, parlait souvent. Non elle ne voulait plus penser à cette pauvre femme.
C'est alors qu'en suivant cette douce effluve, elle arriva devant un tas de chaires et d'os humidifié par la pluie. D'abord distante face à cette décharge organique. Elle se demanda si l'odeur qui l'avait tant attiré était ce ramassis de détritus. Elle n'était pas choqué, ses yeux sombraient même dans un rouge sanglant, un rouge intense, lugubre et menaçant. Elle sentait que cette douce exhalaison envahissait chaque parties de son corps innocent. Elle ne pensait plus qu'à ces miasmes, plus qu'à ces corps putrides. C'était comme un envoutement. Son faible corps trémoussait d’excitation. Son cœur battait à la chamade comme un être amoureux. Toute son âme était fascinée par cette scène atroce.

On pouvait identifier facilement quelques organes humanoïdes, peut être même deux ou trois cœurs encore frais, quelques fémurs mais peu importes le nombres et ce que contenait ce dépotoirs d'humains, ils étaient là, devant les yeux pétillants de plaisirs de la jeune femme. L'odeur du sang se mêlait à la pluie, ce qui procurait une harmonie intéressante et appétissante. Comment et pourquoi cette amas organique s'était-il retrouver ici ? Était-ce un hasard ? Était-ce volontaire ? Qui avait commis ces crimes ?  Shiori ne se posait plus ce genre de questions, elle n'était plus que submergé par une espèce de satisfaction qui occupait tout ses sens. Elle avait les yeux rivé sur ces morceaux de cadavres. Plus rien ne comptait.

Shiori avanca d'un pas, ses pupilles se dilataient, elle se rendait compte qu'elle éprouvait une sorte de satisfaction face à cette boucherie. Cette joie qu'elle ressentait l’écœurait. Jamais dans sa vie elle n'aurait put songer à.. à aimer une telle chose. Comment était-ce possible ? Elle se demanda même si ce n'était pas quelqu'un qui lui aurait pris le contrôle de son âme. Shiori croyait en ce que les anciens appeler "dieu".  Sa mère, enfin la femme qui l'avait recueillit, était très cultivé, elle connaissait tout. C'était vraiment "l'idole" de Shiori. Mais elle ne devait plus repenser à cette personne. Elle lui manquait horriblement, bien qu'elle ne voulait pas l'admettre.
Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas le soleil se levant. Elle avait passé une nuit de plus dans une ruelle. Il était temps de rentrer ou du moins trouver un lieu où aller. Elle avait faim. Elle savait qu'il lui restait des pilules, mais combien ? Elle enleva son collier tenant sa montre, elle l'ouvrit et horrifié elle constata qu'il lui en restait plus qu'une seule. Elle ne pouvait pas la prendre maintenant, sinon demain sera pire qu'aujourd'hui mais elle avait faim. Tout ses sens lui revenait, la faim, la soif et la fatigue. Elle paraissait désespérer.. Une pauvre fille, à côté d'un tas de cadavres, seule, mouillé par la pluie, une robe déchirée, des bottes usées, des cernes lui prenant tout son visage si fin, un reste de maquillage couler par la pluie. Des cheveux ébouriffés, un ventre maigre hurlant famine. La jeune fille était épuisée, à deux doigts de perdre connaissance.

"Pas maintenant. Pas maintenant. Résiste."

Pensait-elle à haute voix.

Elle savait qu'elle devait tenir encore un peu, au moins jusqu'à qu'une brave personne la prenne en pitié. Elle s'écroula au sol, mais se répétait :

"Pas maintenant. Pas maintenant... je dois résister...encore..."

Sa respiration ralentissait.. elle n'avait plus le choix elle devait consommer sa dernière pilule. Pourtant elle essayait de se convaincre que son faible corps pouvait encore marcher. Elle se releva avec difficulté, et titubant et s'accrochant au mur pour marcher elle fit un pas. Puis un second, mais entament le troisième pas elle tomba sur le tas de corps.

Elle n'arrivait plus à ouvrir les yeux. Aucun de ses membres ne lui obéissait. Quand elle voulut lever sa jambe, rien ne se passait. Désormais, elle était seule et épuisée sur un espèce d'entassement de cadavres.

 Un paysage désert, du sable blanc, pas de végétation, pas de vent, pas de nuages, pas de murs, pas d'obstacles, pas d'ombres, personne. Un lieu calme et paisible, vide. Une jeune femme dévêtu chancelait à la recherche d'un "obstacle" peu importe lequel. Un autre être vivant qu'elle lui aurait suffit.
Continuant son chemin, jusqu'à ce que ses pieds s’enfoncèrent dans les grains de sable. Elle ne bougea plus, elle était prisonnière du sol.
Un changement de matière se formait sous ses pieds. Des modification succèssive l'empêchait de faire des mouvements. Bientôt elle sera engloutis vivante.

Shiori évanouit, rêvait.

Elle s’enfonçait sous les cadavres. Du sang se mêlait à ses cheveux. Des boyaux l'étouffait, des os l'écrasait, des cœurs ensanglanté, de la cendre, du sang, de la poussière d'os et même de la chaire la noyait. Seule sa main dépassait de ce tas. Une petite main frêle, maculée de sang, mais pourtant si innocente attendait qu'on la remarque. Shiori paraissait morte, mais pourtant son petit cœur battait toujours, doucement et lentement mais il battait.
Elle tenait bon, elle vivait malgré la faim et la soif. Elle voulait survivre pour profité de sa liberté. Inconsciemment son corps luttait pour être repéré. Ses doigts aussi fin qu'une aiguille remuait spontanément à la recherche d'un contact vivant.

Quelque chose l'avait tiré vers l’extérieur, enfin une personne. Elle senti une chaleur différente des autres cadavres. Une chaleur vivante, seulement elle n’arrivait pas à se contrôler et fuir. Elle savait que les êtres vivants pouvaient être horrible. Mais cette chaleur qui l'avait sorti de sa prison de chair ressemblait à celle de son frère. Pourrait-elle avoir confiance ? Était-ce lui ? Elle ouvrit doucement ses yeux pour voir le visage de ce sauveur, à la,chaleur corporelle identique à celle de son ancienne famille. Elle voulait le revoir. Peu étonnée, elle découvrit un jeune étranger. Elle voulait lui parler mais aucun de ses mouvements, aucun son ne sortait. Elle ne bougea plus, son pauvre corps si mince avait besoin de forces. Après quelques clignement d’œil, elle s’évanouit sur le jeune homme. Son ventre criait famine.